Le Federal Bureau of Investigation (FBI) a récemment intensifié ses démarches pour identifier les responsables d’Archive.today, un outil d’archivage web lancé en 2012 et largement utilisé par les journalistes, chercheurs et internautes.
Selon un mandat judiciaire daté d’octobre 2025, l’agence américaine a adressé une requête au registrar canadien Tucows, exigeant des informations détaillées sur le domaine : données d’enregistrement, logs de connexion, adresses de facturation et éventuels services cloud associés. Le document évoque une enquête criminelle fédérale, mais sans préciser les motifs exacts, ce qui nourrit les spéculations autour de possibles infractions liées aux droits d’auteur ou au contournement de paywalls.
Contrairement à la Wayback Machine de l’Internet Archive, qui fonctionne sur une logique d’indexation massive et propose aux éditeurs un mécanisme d’exclusion, Archive.today repose sur des captures manuelles. Cette approche en fait un outil prisé pour sauvegarder des contenus éphémères : articles supprimés, publications sensibles ou déclarations publiques rapidement effacées. Son fonctionnement discret, aucune redirection de trafic vers les sites originaux, lui a valu une réputation d’allié des communautés numériques, notamment lors de controverses comme GamerGate, où il a permis de conserver des preuves sans amplifier la visibilité des sites concernés.
L’opacité du service reste cependant un point sensible. Les informations disponibles sur ses créateurs sont limitées, avec un enregistrement initial attribué à un certain « Denis Petrov » basé à Prague, probablement un pseudonyme. Cette absence de transparence alimente les interrogations et fragilise sa position face aux autorités, surtout dans un contexte où les États renforcent leur surveillance des outils numériques jugés difficiles à contrôler.
Au-delà du cas spécifique d’Archive.today, l’affaire illustre un débat plus large : celui de l’équilibre entre la préservation de la mémoire numérique et l’application des lois sur la propriété intellectuelle. Les géants du divertissement et de la presse, qui multiplient les barrières d’accès à leurs contenus, voient dans ces services une menace potentielle. De leur côté, les défenseurs de la liberté d’information rappellent que l’archivage est un outil essentiel pour documenter l’histoire du web et garantir la transparence publique.
Pour l’heure, Archive.today reste accessible et continue de fonctionner. Mais l’enquête du FBI souligne les risques croissants pour les plateformes d’archivage indépendantes. Dans un environnement numérique de plus en plus surveillé, les utilisateurs sont encouragés à diversifier leurs pratiques : recours à des logiciels open-source comme HTTrack, utilisation de VPN ou stockage local des contenus. Reste à savoir si cette traque renforcera la légitimité du service ou contribuera à accentuer son aura mystérieuse auprès des passionnés du web.
Source : TechAuQuotidien